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Mali : l'or, gage de souveraineté économique

Mali : l'or, gage de souveraineté économique
Catégorie: Analyse
Date : le 16 juillet, 2025
Auteur : Administrateur

En juin 2025, le Mali a lancé la construction de sa première raffinerie d'or nationale. Fruit d'une coopération entre le Mali, la société russe Yadran et la société suisse d'investissement, cette usine, d'une capacité de raffinage annuelle maximale de 200 tonnes, sera opérationnelle dans les prochains mois. Il convient de noter que le nouveau code minier du Mali, adopté en 2023, impose aux sociétés minières de raffiner ou de transformer les produits miniers dans des installations appartenant à l'État.

Participation majoritaire de l'État dans la nouvelle raffinerie

Jusqu'à présent, l'or du Mali était exporté vers les Émirats arabes unis, l'Afrique du Sud ou la Suisse pour y être raffiné. La seule raffinerie existante dans le pays était privée – Marena Gold – et se concentrait principalement sur le raffinage de la production d'or artisanale, estimée par certains à environ 30 tonnes par an.

L'État malien détiendra 62 % du capital de la nouvelle société de raffinage d'or en construction. L'or demeure le principal produit d'exportation du Mali et sa principale source de recettes publiques, représentant environ 10 % du PIB. En 2024, la production industrielle a atteint environ 51 tonnes, en baisse par rapport aux années précédentes.

Le code minier

L'adoption d'un nouveau code minier vise à permettre au pays de tirer pleinement profit des ressources de son sous-sol. Le pays figure parmi les trois premiers producteurs d'or du continent africain. Ce nouveau code minier fixe la participation maximale de l'État dans les mines à 30 %, mais introduit une participation de 5 % pour les investisseurs locaux et oblige les sociétés minières à déposer leurs bénéfices sur des comptes bancaires au Mali. Grâce à cette réforme, le gouvernement malien espère générer des revenus miniers d'au moins 762 millions d'euros par an. De plus, les exonérations fiscales, qui faisaient perdre à l'État 91 millions d'euros par an, ont été supprimées.

Le bras de fer entre Barrick et l'État malien

Tout cela pourrait expliquer en partie le bras de fer entre l'État malien et la société canadienne Barrick Mining. Cette société détient l'un des plus grands sites d'exploitation aurifère au monde, dans l'ouest du Mali, avec une participation de 80 %, contre 20 % pour l'État. Le contrat minier révisé au Mali ne garantit plus les mêmes avantages. Pour le gouvernement, cela s'inscrit dans une perspective souverainiste de l'économie, déjà appliquée par les deux autres membres de l'AES, le Niger et le Burkina Faso. Le ministre malien des Mines, le professeur Amadou Keita, a d'ailleurs déclaré : «Nos ressources ne serviront plus à enrichir d’autres peuples, mais bien au contraire, nos ressources minérales serviront au développement de nos États." .

La dynamique souverainiste en Afrique.

La construction de la raffinerie s'inscrit directement dans cette dynamique souverainiste au Mali. Mais au-delà des pays de l'AES, la quasi-totalité des États africains sont désormais engagés dans cette dynamique. Au Gabon, par exemple, le pays a acquis sa première usine de traitement d'or en juin 2023, avec une capacité de raffinage de 7 à 10 tonnes par an. Le Ghana, premier producteur d'or du continent africain, a également inauguré sa première raffinerie en août 2024, et le gouvernement ghanéen en est l'actionnaire majoritaire. L'intégralité de la production, soit plus de 100 tonnes par an, sera raffinée sur place. En janvier 2025, la Guinée a lancé la construction de la raffinerie d'or de Nimba (NGR), une raffinerie qui, une fois achevée, sera classée numéro un en Afrique et deuxième au monde en termes de capacité de traitement.

La nouvelle vision africaine

Ainsi, au-delà du Mali et des pays de l'AES, l'Afrique s'engage de plus en plus dans cette vision : créer localement de la valeur ajoutée dans les matières premières africaines. Et cela ne concerne pas seulement l'or ; nous l'avons vu avec le pétrole au Nigeria, où le milliardaire nigérian Aliko Dangote a construit une immense raffinerie de pétrole, qui a déjà apporté des avantages considérables au pays, notamment en garantissant sa sécurité énergétique, en réduisant sa dépendance aux importations et en favorisant sa croissance économique.

Il y a donc un vent de renouveau qui souffle en Afrique avec cette volonté affichée des pays de réaffirmer leur souveraineté économique. Et ce combat va dans le bon sens, car le développement économique permet de mieux répondre aux besoins des populations et donc de pacifier et de résoudre les problèmes d'insécurité qui sont très souvent liés à l'insatisfaction des besoins élémentaires fondamentaux des populations.

Publié dans Analyse
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